La rivière... la classe !

Publié le par Kayak Meaux

Avant de descendre une rivière, on se renseigne ! Hors de question de s'engager à l'aveugle sur un petit cours d'eau se terminant par une énorme chute avec l'impossibilité de débarquer. Si tôt dit, si tôt fait, le Topoguide a été inventé ! Il décrit le parcourt d'une rivière donnée, les points d'embarquement et de débarquement, les difficultés particulières, les débits moyens et échelles de hauteur d'eau... Mais comment classer simplement et clairement toutes les rivières du monde ? Pour cela on utilise une échelle de cotation internationale (échelle reconnue par le Ministère de la Jeunesse et des Sport dans l'arrêté du 4 Mai 95. En fait on ne classe pas une rivière dans son intégralité mais un tronçon appelé parcourt. Par exemple on parlera de la Haute Cure (III-4) et la Basse Cure (II-3).

  • La classe fixe la difficulté rencontrée à débit moyen. Attention la difficulté change fortement en fonction de la hauteur d'eau (et moins d'eau ne veut pas forcément dire moins difficile). La Classe est notée en chiffre romain de I à VI.
  • Mais sur un parcourt on peut rencontrer une difficulté particulière, un «passage». On l'ajoute à côté en chiffre arabe séparé par un tiret ou entre parenthèses. Ex: IV(5) signifie une rivière de classe 4 avec un ou plusieurs passage de classe 5.
  • Enfin, une rivière de classe II ou III peut s'avérer très dangereuse si aucun échappatoire ou débarquement n'est possible. Pour cela on ajoute le niveau d'engagement de 1 à 3 et noté E. Par exemple II-E3 est un parcourt assez simple mais où il est quasi impossible de sortir.


Les Classes de difficultés (définitions données sur le site canadien de myosis)


Classe I :

Négociation facile. Les passes sont évidentes : le pagayeur dispose du temps nécessaire pour bien s'engager. Les obstacles se voient à l'avance et s'évitent facilement. Le courant est assez uniforme et dépasse rarement 2 m/s. Les vagues sont régulières et ne dépassent pas 15 cm. Les passages sont larges et les rares obstacles sont visibles de très loin. On rencontre souvent des bancs de galets et des maigres surtouts dans les méandres. Les contre-courants, derrière les piliers de pont, les avancées de la rive, exigent une certaine attention. On voit rarement des crêtes blanches au sommet des vagues. Le pontage n'est pas nécessaire. Les rapides classe I sont rarement indiqués sur nos cartes-guides.

 

Classe II :

Négociation mouvementée. Le pagayeur doit s'interroger pour trouver la meilleure route qui est cependant facile à discerner. Les rapides sont intermittents quoique fréquents. La vitesse du courant peut atteindre 3 m/s. L'écoulement est divisé par des rochers, formant ainsi de petits trains de vagues qui peuvent atteindre 60 cm. Des manœuvres sont nécessaires pour éviter les rochers et les petits pleureurs. On rencontre de petits seuils (60 cm). On peut neutraliser l'effet du courant en faisant marche arrière, et stopper facilement tout au long de la descente. Le contrôle de la gîte est cependant important. Des connaissances de base en eau vive sont essentielles. En canoë-kayak, le pontage est indispensable et l'esquimautage fort utile, bien que la récupération soit facile.

 


Classe III :

Négociation difficile. La meilleure passe n'est pas toujours visible de l'embarcation, mais elle devient évidente de la rive. Le pagayeur doit avoir l'expérience de la lecture de rapides et la capacité de diriger son embarcation de façon efficace. Les rapides sont plus longs et peuvent s'enchaîner rapidement! Le courant est rapide : il peut atteindre 4 m/s. Les trains de vagues sont assez réguliers; par contre les vagues dépassent rarement 1mètre. Sur les rivières larges, des interférences de vagues peuvent se produire et désorienter l'embarcation. Les passes peuvent être étroites mais restent généralement franches, tout en exigeant de nombreuses manœuvres. On rencontre des drossages, des pleureurs, qui peuvent provoquer un chavirage lorsque l'orientation est incorrecte. Les rouleaux sont assez gros pour ralentir l'embarcation. Les seuils peuvent atteindre 1 mètre de dénivelée. Le pagayeur peut neutraliser le courant au prix d'un gros effort; réussir le bac arrière exige une orientation en phase avec les vagues et des rétropulsions très énergiques. La négociation d'un tel rapide demande un effort physique et mental. Un bon sens de la lecture et de l'anticipation est requis pour amorcer les manœuvres appropriées au bon moment, entre autres, pour accrocher les contre-courants. On trouve des planiols pour la récupération. L'esquimautage est recommandé.

 

Classe IV :

Négociation très difficile. La reconnaissance de la rive est généralement nécessaire. L'enchaînement des difficultés exige un travail continuel et une grande expérience de l'eau vive. Les rapides sont très longs et manœuvriers. Des passages étroits exigent des alignements très précis. Le courant est très rapide (jusqu'à 5,8 m/s). Les vagues fortes et irrégulières peuvent atteindre 2 mètres. Les contre-courants sont bouillonnants et difficiles à accrocher, leurs limites comportent souvent des marmites et des remous dessalatoires. On rencontre des déflecteurs et des portefeuilles importants qu'il faut négocier avec de la vitesse. Les pleureurs et les rouleaux à rappel retiennent l'embarcation hésitante. Les seuils brusques et encombrés peuvent atteindre 2 mètres. Il n'y a souvent qu'un seul trajet pour éviter les difficultés qui ne se voient pas toujours de l'embarcation. L'apparition d'obstacles à la dernière minute exige de l'improvisation. D'où l'importance de pouvoir stopper à volonté. L'esquimautage est indispensable.

 

Classe V :

Négociation extrêmement difficile. Réservé aux équipes d'experts avec assistance de la rive. La reconnaissance de la rive est obligatoire; même là, la meilleure passe n'est pas toujours identifiable. L'abordage est difficile. Les rapides sont très longs. Les passages très complexes s'enchaînent dans une succession ininterrompue de difficultés. Les vagues et les seuils de plus de 2 mètres sont fréquents. Il y a très peu de contre-courants pour reprendre son souffle. On note la présence de marmites, de rappels, de trous meurtriers. La visibilité est très limitée, soit par la forte pente, soit par les virages. Le débit devient critique. La compétence de l'expert est essentielle, l'esquimautage impératif et la sécurité de la rive recommandable.

 

Classe VI :

Généralement infranchissable à moins de débit très favorable. Une erreur ne pardonne pas; même l'expert y risque sa vie.


Appliquer une cotation n'implique pas la présence de toutes les difficultés à la fois dans le même rapide. Nous avons décrit les difficultés auxquelles un pagayeur peut s'attendre en s'aventurant sur un tel rapide. Deux rapides qui ont la même cote peuvent avoir un aspect très différent; par exemple, un rapide classe IV à gros volume est fort différent d'un rapide classe IV manœuvrier mais à petit volume.


L'engagement


E1 signifie que la sortie est facile avec accès rapide à la route.

E2 indique une sortie difficile, souvent avec matériel adapté ou temps d'accès à la route élevé.

E3 signifie que la sortie est quasi impossible sans une aide extérieure (gorges, canyons, ...).

La formation


Maintenant la grosse difficulté est de savoir sur quelle rivière vous pouvez vous engager. Pour cela la FFCK a établi un rapport entre la difficulté de la rivière et le niveau de pagaie couleur. Par exemple processeur de la pagaie bleue, vous êtes à l'aise en classe II(3). Vous pourrez vous engager dans un groupe plus fort en classe III(4), une sécurité étant mise en place dans les passages difficiles et un ouvreur vous montrant les trajectoires et les pièges de la rivière. Par contre vous devrez progresser avant de vous engager en classe IV.

Souvenez vous, le passage d'une classe de rivière à une autre correspond à un bagage technique important à acquérir, cette échelle de cotation n'a rien de linéaire !


Publié dans Culture Kayak

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